Cycle « Le genre au travail » : débat organisé le 5 avril autour de deux communications
ATEMIS poursuit son cycle de conférences pour travailler la manière dont le genre est mis au travail dans l’activité : comment il y prescrit des attendus et s’y trouve en même temps transformé à l’épreuve du réel. Et la manière de s’en saisir dans la démarche d’intervention.
Sandro de Gasparo anime un débat organisé autour de deux communications :
Claudine Schalck, Sage-femme, maternité des Bluets, département de Paris et CNFPT,
Psychologue clinicienne et docteure en psychologie du travail :
Les sages-femmes et les obstétricien(ne)s :
la reconnaissance au travail et la question du genre
Que devient le travail des sages-femmes et des gynécologues-obstétricien(ne)s confrontés à la mort, face à la mort périnatale ? Alors que la prescription essentielle qui le soutient et gouverne la division du travail et des tâches est dédiée à la vie, au moyen de ressources médicales, de savoirs scientifiques et techniques sans précédents dans la lutte contre la mort ? A partir de ce point d’achoppement du travail, l’analyse permet de dégager des caractéristiques professionnelles, des métiers et de l’activité professionnelle, profondément genrées, d’autant plus hétéronormées si l’on peut dire, que l’activité s’adresse au corps féminin dans l’intimité de ses attributs et de ses fonctionnements sexuels propres, à la conjonction de la féminité, de la de maternité et de la sexualité.
Avec l’irruption de la mort périnatale et le drame qu’elle peut représenter au travail, les questions liées au genre s’y trouvent déplacées, voire transformées significativement, lorsque le recours aux ressources symboliques disponibles ou à construire, devient indispensable, au moyen de la subjectivité et de l’intersubjectivité partagée dans le collectif de travail et avec les parents. Une manière d’interroger la question du genre dans une relation de service, qui n’est pas loin de celle suscitée par la thématique des violences dites obstétricales qui ont défrayé les chroniques l’été dernier. Puisque, tout autant, c’est encore une fois à travers la question de la reconnaissance trouvée par les soignants dans leur activité qu’elle vient les bousculer.
et
Anne-Lise Ulmann, MCF-HDR, Cnam, EPN, Travail, Orientation, Formation, Social
CRTD, Psychosociologie du travail et de la formation – Anthropologie des pratiques :
La question du genre dans le travail avec les jeunes enfants: une prescription de plus ? Quelles conséquences pour l’intervenant?
A partir de l’analyse de quelques situations de travail observées dans des crèches, nous montrerons que la question du genre, après avoir été un impensé du travail avec les jeunes enfants, s’impose désormais comme une prescription supplémentaire, qui ne relèverait que d’une simple application. Les injonctions à la non différence garçon/fille sont de plus en plus nombreuses et s’imposent aujourd’hui comme de nouveaux standards de la socialisation du jeune enfant.
Nos observations nous conduisent plutôt à constater que cette nouvelle prescription, qui a la particularité de dépasser le champ professionnel pour interagir avec le monde privé, voire intime, des professionnels, fait rarement l’objet de réflexions collectives au sein des équipes. Loin de constituer un objet de travail partagé, cette injonction à la non différence des sexes, quand elle est abordée par l’intervenant, crée de l’embarras chez ces professionnels. L’activité est entravée, les repères bousculés, la parole gênée, hésitante… Si les questions du genre peuvent renvoyer à celles plus anciennes de la domination et de la reconnaissance des emplois assignés au féminin et au domestique, elles impliquent d’autres modes d’intervention qui prennent en compte non seulement les exigences de l’activité en train de se faire, mais aussi la porosité des sphères professionnelles et personnelles.
La conférence dans son intégralité