De quoi parle-t-on ?
Les inflammations des tissus (tendons, nerfs, ligaments …) situés autour des articulations, qu’on regroupe sous la dénomination de Troubles Musculo Squelettiques (TMS) se caractérisent d’abord par une douleur localisée à l’articulation concernée (poignet, coude épaule, genou). Au fil du temps, cette douleur devient chronique et finit par entraîner des pertes de capacités fonctionnelles (force, amplitudes articulaires) qui peuvent empêcher la personne de tenir son poste, voire tout autre poste dans l’entreprise. Ce phénomène n’est pas nouveau et depuis trente ans, les démarches de prévention des TMS se sont efforcées de :
- réduire les contraintes physiques subies par les articulations en agissant sur le poste de travail (aménagement du poste, aide à la manutention, limitation du poids des objets à soulever …)
- augmenter les capacités des individus à faire face aux contraintes (formations gestes et postures, échauffement au poste, massages …)
- diversifier les contraintes (cotation des contraintes sur les différents postes et mise en place de rotations)
Ces démarches ont souvent atteint leur objectif central, réduire les contraintes physiques (des angulations articulaires plus supportables, des poids moins importants à soulever, des déplacements réduits …). Pourtant, au cours de ces trente dernières années, le nombre de TMS n’a cessé de croitre (en moyenne, + 10% de TMS reconnus chaque année), des TMS apparaissent sans forte sollicitation gestuelle, des personnes déclarent des TMS en occupant des postes dits « ergonomiques », des postes sont identifiés « à risque » sans qu’on y déplore aucun TMS…
Ce constat signe les limites des démarches de prévention centrées sur la « réduction des contraintes physiques » et pousse à développer un autre modèle de compréhension des TMS.
Le point de vue d’Atemis
Les TMS nous amène à considérer la manière dont le corps et le psychisme sont embarqués au moment de la réalisation du geste professionnel.
Que se passe t’il lorsque nous effectuons un geste professionnel ?
Le geste professionnel ne se résume pas au mouvement, à ce qui se voit. Il porte aussi une intention qui, elle, n’est pas visible. Le geste est un ajustement dans la prise en charge d’enjeux et de contraintes diverses (la réalisation de la tâche, la prise en compte de l’environnement du moment, son propre état de santé, ses préoccupations, …). La répétition permet d’apprendre à gagner en efficacité, réaliser un travail de qualité et en même temps à s’économiser. Pouvoir aller jusqu’au bout du geste c’est à dire jusqu’au bout de l’intention est une condition de l’apprentissage et de la préservation de sa propre santé.
Dans beaucoup d’organisations du travail, on constate deux ruptures :
- Les mouvements sont répétés dans un environnement de plus en plus variable et instable.
- L’accélération des cadences et la complexification des dimensions à prendre en charge (qualité, sécurité, productivité…) font que le psychisme des personnes est de plus en plus convoqué sur autre chose que le geste à réaliser.
Les conditions de l’apprentissage du geste sont dégradées et les conditions d’engagement de la subjectivité des personnes se trouvent elles-mêmes fragilisées.
Les tensions présentes dans les organisations, s’importent dans les corps. Les TMS signent l’absence de reconnaissance du travail réel c’est à dire de l’écart entre ce qui était prévu et ce qui s’est passé et de ce que les personnes ont mis d’elles-mêmes pour y faire face.
Comment agir ?
Les interventions d’Atemis en matière de prévention des TMS visent à :
- mettre en évidence les ressources que mobilisent individuellement et collectivement, les personnes dans l’organisation actuelle pour se protéger
- comprendre ce qui fait échec ou au contraire permet la mobilisation de ces ressources ou leur élaboration (outillage gestionnaire, configuration des postes, organisation de la production, qualité des collectifs…)
- concevoir une organisation qui permette de développer ces ressources (espaces de reconnaissances du travail réel, d’élaboration entre pairs), qui soit attentive aux conditions de réalisation de la production directe.
Pour Atemis, cela passe par la construction d’un point de vue partagé entre direction, managers et collaborateurs sur le travail réel des personnes et sur la manière dont se jouent pour elles le lien entre santé, travail et performance. C’est cette compréhension partagée qui doit être mobilisée au service de la conception et du pilotage de la production.